À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Bouchra Abdou, directrice de l’Association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté (ATEC), souligne l’urgence d’accélérer les réformes en faveur des femmes marocaines.
« Nous sommes à un tournant décisif pour les droits des femmes. La réforme du Code de la famille, la révision du code pénal et de la loi contre la violence doivent garantir une protection réelle et efficace », affirme-t-elle.
Face à la montée de la violence numérique, ATEC appelle également à une criminalisation stricte de ces actes. « La violence contre les femmes évolue, nos lois doivent s’adapter pour mieux les protéger », insiste Bouchra Abdou.
L’association exhorte enfin le gouvernement à respecter ses engagements internationaux, notamment la CEDAW, et rend hommage aux femmes palestiniennes. « La solidarité féministe est essentielle, ici comme ailleurs », conclut-elle.
Communiqué du 8 mars 2025 (intégral)
« L’association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté commémore la journée internationale des femmes, du 8 mars 2025 sous le slogan : « Poursuivons la Lutte sans relâche pour les droits des femmes »
La journée se déroule cette année dans un contexte national particulier, marqué par l’ouverture de grands chantiers concernant les droits, la législation et la justice, et dont les textes auront un impact important sur les droits des femmes au Maroc. En tête des réformes prévues , figure le Code de la famille, dont la nouvelle version est en cours d’élaboration , mais il y a aussi le projet de loi de procédure pénale, qui devrait répondre aux garanties du procès équitable, notamment pour les femmes, le projet du code pénal, dont les contours ne sont pas encore définis et qui attend son tour chez le secrétariat général du gouvernement, ainsi que le projet de loi modifiant la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, un engagement gouvernemental dont la concrétisation demeure en instance.
Cette année, la Journée internationale des femmes coïncide également avec la célébration du 30e anniversaire du Programme d’action de Pékin (Pékin +30), l’occasion de réaffirmer l’attachement d’ATEC aux grands principes et valeurs énoncés dans celui-ci, dont la plupart ont été traduits dans la Constitution de 2011, ainsi que dans les engagements internationaux du Maroc à travers les conventions internationales que le Royaume a rejointes et ratifiées. ATEC note cependant, que ces engagements restent entravés par les défis de la mise en œuvre pratique et de la volonté politique.
L’Association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté salue la détermination inébranlable des femmes marocaines à changer les choses et leur résilience face à toutes les tentatives de recul concernant les acquis obtenus grâce à la détermination du mouvement féminin. Elle souligne également la fermeté de la position du mouvement féminin national exigeant constamment et continuellement que l’État marocain assure une protection complète des femmes contre toutes les formes de violence et de discrimination dont elles sont victimes, une violence qui a tendance à s’accroitre et à se transformer ces dernières années, notamment en raison de la violence numérique exercée contre les femmes dans les espaces et les médias numériques.
En conséquence ATEC appelle à cette occasion à :
• Mettre en œuvre de l’Instance de parité et de lutte contre toutes les formes de discrimination, en tant qu’instance constitutionnelle prévue par la Constitution de 2011.
• Poursuivre l’effort d’alignement de la législation nationale interne avec les conventions internationales que le Maroc a rejointes et ratifiées, notamment en ce qui concerne la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
• Accélérer l’annonce du projet de loi modifiant le Code de la famille, et adopter une approche participative lors de la phase de ratification parlementaire, permettant ainsi au mouvement des femmes de continuer à s’engager sérieusement et effectivement dans ce chantier national, tout en surmontant les lacunes éventuelles du texte.
• Ouvrir un débat public sur le projet du code pénal, considérant que la version soumise à la Chambre des représentants porte atteinte aux droits fondamentaux des femmes et constitue un recul par rapport à plusieurs acquis inscrits dans la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
• Accélérer la présentation du projet du code pénal au Parlement en tant que loi de fond, qui doit précéder le code de procédure pénale, laquelle doit se conformer à ses dispositions et exigences.
• Accélérer la révision de la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, en insistant sur la création d’un budget pour son application pratique.
• Accélérer l’adoption de dispositions légales criminalisant la violence numérique exercée contre les femmes et les jeunes filles, afin de lutter contre les divers actes commis contre les femmes dans l’espace numérique, notamment les crimes de diffamation.
• Accélérer la mise en œuvre et l’application de la loi n° 19.12 relatives aux travailleuses et travailleurs domestiques, et publier ses décrets d’application.
• Adopter une politique publique intégrée pour réaliser l’égalité complète entre les femmes et les hommes dans les différents domaines et aspects de la vie publique.
Et enfin, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, ATEC tient à rendre hommage aux femmes palestiniennes qui affrontent héroïquement et dignement la guerre d’extermination et l’apartheid qui leur sont imposés par les forces de l’occupation sioniste israélienne en Palestine. «