Santé des femmes : Un autre levier de l’égalité

Par Nisrine Salaqi

Gynécologue engagée, Touria Skalli Alaoui milite pour une refonte en profondeur de la santé féminine. À l’issue du 6e Congrès international d’oncofertilité, organisé les 11 et 12 avril à Marrakech, elle partage des recommandations clés, ancrées dans une vision plus juste et inclusive de la médecine.

Au cœur du plaidoyer de Touria Skalli Alaoui : une prise en compte réelle des spécificités féminines, trop souvent négligées dans les politiques publiques. En première ligne, la santé sexuelle et reproductive restée taboue, alors même qu’elle devrait faire partie intégrante des programmes éducatifs. « Les jeunes y sont sensibles, il est temps d’agir » affirme-t-elle.

Cette exigence d’adaptation traverse aussi les enjeux de prévention. Le congrès a mis en lumière la nécessité d’élargir le dépistage des cancers du col de l’utérus et du sein, premières causes de mortalité chez les femmes. « Un diagnostic précoce permet une prise en charge plus efficace et sauve des vies » insiste la praticienne, qui recommande des tests dès 25 ans, un dépistage de l’ADN HPV à partir de 30 ans et la formation accrue des médecins à la colposcopie. Ces mesures sont d’autant plus urgentes que les inégalités d’accès aux soins, notamment selon les territoires ou les statuts sociaux, restent criantes.

Autre enjeu central : la préservation de la fertilité chez les patientes atteintes de cancer. « La loi marocaine le permet, seulement sur le terrain, cela reste rare » regrette-t-elle. La gynécologue appelle de ce fait à la création d’un registre national, au développement de centres régionaux spécialisés et à une intégration de l’oncofertilité dans la formation médicale. « Préserver la possibilité de devenir mère, c’est garantir une dignité après la maladie ». Seulement garantir des droits est insuffisant si les moyens ne suivent pas. Touria Skalli Alaoui alerte ainsi sur les coûts élevés des traitements et les interruptions des prises en charge. « La continuité des soins ne doit pas dépendre de démarches administratives. L’AMO doit couvrir les actes liés à la préservation de la fertilité, quelle que soit la situation de la patiente».

Enfin, elle souligne une avancée récente : la gratuité de la vaccination contre le HPV pour les filles de 11 ans au Maroc. Une mesure qu’elle juge essentielle, quoi qu’encore bancale. « C’est un progrès majeur, mais il faut encore sensibiliser les familles et lutter contre la désinformation. La prévention commence là… ».

En creux de toutes ces propositions, une conviction profonde : la santé des femmes n’est pas un sujet périphérique, mais un droit fondamental. « L’égalité, rappelle-t-elle, se joue aussi dans les consultations, les centres de dépistage et les décisions thérapeutiques. Une médecine plus juste, c’est une société plus égalitaire ».

 

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Direction artistique : Domizia Trenta
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Directrice de la publication : Aïcha Zaïmi Sakhri

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Dossier de presse numero 26/2023

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