Figure historique du féminisme marocain, Aïcha Belarbi revient avec un nouvel ouvrage fort et éclairant sur l’égalité femmes-hommes. Un regard lucide, engagé et porteur d’espoir pour les nouvelles générations.
Avec « Égalité Femmes-Hommes. Les féministes à l’épreuve », Aïcha Belarbi offre une mémoire vivante du combat féministe au Maroc, ancrée dans l’histoire, éclairée par l’expérience et résolument tournée vers l’avenir. Sociologue, militante et ancienne diplomate, elle y rassemble des décennies de réflexions, d’analyses et de prises de position, minutieusement mises à jour. « Il s’agit d’un travail d’envergure, motivé par une urgence : rappeler les fondements du mouvement à l’heure où le débat sur le code de la famille est à son paroxysme » explique-t-elle.
Loin d’un manifeste théorique, son livre retrace les luttes concrètes menées sur le terrain, les victoires arrachées, ainsi que les résistances, parfois violentes, auxquelles des citoyennes engagées se sont heurtées. Elle se souvient notamment du tollé suscité par la pétition d’un million de signatures portée par l’UAF en 1993 : « A l’époque nous avons été traités d’hérétiques et d’anti-islamistes, seulement notre élan en faveur de la cause n’a pas reculé d’un pouce et voyez le chemin parcouru».
Contre les discours qui voudraient faire croire à un essoufflement du féminisme, Aïcha Belarbi est catégorique : « C’est un mouvement qui se développe et se diversifie. Des voix s’élèvent de partout. Le terme n’est plus tabou et nous ne voulons plus lui substituer des mots comme équité ou égalité des chances ».
Malgré de grandes avancées, les défis restent nombreux, notamment dans la sphère familiale. « Les schèmes mentaux des hommes et des femmes n’évoluent pas de la même manière, ce qui cause des perturbations extraordinaires au sein des foyers, surtout chez les hommes qui vivent encore en arrière ». L’auteure salue toutefois l’émergence de nouveaux discours, plus ouverts à l’égalité : « J’espère que la tendance des masculinités positives va s’imposer davantage et introduire des changements palpables chez ces messieurs ».
Forte de son parcours, elle le répète « l’égalité ne pourra advenir sans l’implication des hommes. Nous devons veiller à former des hommes et des femmes conscients de leurs droits et devoirs ». Et de conclure sur une note d’espoir : « L’État est de notre côté. Il s’est engagé en faveur d’un changement conséquent du statut de la femme au Maroc, ça laisse optimiste ».