Le Maroc régresse dans le classement mondial du bonheur. Derrière cette statistique, une question persiste : comment se portent les marocaines, souvent en marge du progrès social ?

A la 107e place sur 143 pays dans le Rapport mondial sur le bonheur, le Maroc perd sept rangs, comparé à 2023. Ce recul, annoncé par les Nations Unies à travers le World Happiness Report 2024, s’appuie sur plusieurs indicateurs : revenu, santé, soutien social, liberté individuelle, perception de la corruption et générosité. Des critères qui, pris ensemble, esquissent le bien-être général d’un pays. Mais quid du bonheur des femmes, lorsque l’on sait que certaines inégalités échappent aux moyennes globales ?

Sur le terrain, les chiffres sont parlants. Selon le Haut-Commissariat au Plan (2023), 57 % des femmes marocaines âgées de 15 à 74 ans déclarent avoir subi une forme de violence verbale, psychologique, physique ou économique au moins une fois dans leurs vies. Le foyer reste le premier lieu d’agression et l’espace numérique devient à son tour hostile. Côté participation et opportunités économiques des femmes, le « Global Gender Gap Report 2022 » nous positionnait 139ᵉ sur 146 pays, tandis que le taux d’activité féminine (22,8 % en 2023) se trouve actuellement à 19,8%. A cela s’ajoute une précarité sociale persistante : faible accès à la propriété, inégalités d’héritage, dépendance financière, surcharge mentale. Autant de facteurs qui minent le bien-être et accroissent le sentiment d’injustice.

Le Royaume a pourtant fixé des objectifs ambitieux, comme parvenir à 45 % de participation féminine à l’horizon 2035 dans le cadre du Nouveau Modèle de Développement. Alors que le classement du bonheur alerte sur une baisse générale de la satisfaction des Marocains, il est urgent de se pencher sur la moitié silencieuse de cette statistique. Le bonheur aurait-il, lui aussi, un genre ?