Manager Les ateliers interactifs « Pour une école de l’égalité » ont débuté dans plusieurs lycées marocains. Aux yeux de l’ADFM, ce lancement doit amorcer une refonte structurelle de l’éducation.
Dans plusieurs lycées de Rabat, Kénitra et Casablanca, de nouveaux ateliers participatifs contre les stéréotypes de genre émergent. Mis en place par l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) avec l’Association Médias et Culture (AMC), ils visent à déconstruire les représentations sexistes chez les jeunes, à travers des dispositifs interactifs comme le stéréomètre, un outil pédagogique qui invite chacun à se positionner physiquement sur des affirmations liées au genre.
Les élèves y participent avec enthousiasme, exprimant le besoin de réfléchir collectivement aux inégalités qui structurent leur quotidien. « Ces ateliers sont efficaces, mais il faudrait les développer davantage, en créant des cellules dédiées et en encourageant une participation mixte à toutes les activités scolaires », préconise Ziad, 17 ans, 2ème année de baccalauréat à Rabat. Une opinion partagée par Fatima Zahra, 20 ans, lycéenne à Kénitra. « Nous, les filles, subissons beaucoup de critiques de la part de la société. On nous juge sur notre façon de parler, de nous habiller. Les images négatives sont nombreuses. On nous renvoie toujours à la cuisine, à la maison. On nous enlève toute dignité. Si nous instaurons l’égalité, cela réduira les écarts entre filles et garçons et nous aurons une société plus inclusive. Cela dit, de tels programmes doivent aussi cibler les familles pour qu’il y ait un vrai impact ».
Pour Amina Lotfi, membre du Bureau exécutif de l’ADFM, ce n’est qu’un point de départ. « L’évaluation à chaud a démontré que les jeunes sont demandeurs d’activités qui leur permettent d’échanger et discuter des questions qui les concernent directement. Seulement c’est loin d’être suffisant ». Ce que l’association réclame, c’est une transformation structurelle de l’école marocaine. « Pour lutter efficacement contre les préjugés et stéréotypes sexistes, le Ministère de l’Enseignement doit intégrer et généraliser ces ateliers dans le système scolaire, de la maternelle au baccalauréat » insiste-t-elle. Une intégration qui suppose un remaniement global des contenus et pratiques éducatifs. Car les stéréotypes ne se limitent pas aux cours d’éducation civique. Ils circulent dans les manuels, dans les mots des enseignants, dans la cour de récréation. « Le principe d’égalité des sexes doit être intégré de manière transversale, dans toutes les composantes du système éducatif : formation du corps enseignant, manuels, activités parascolaires, administration… » détaille Amina Lotfi.
L’ADFM, engagée depuis des années dans ce combat, a d’ailleurs remis en 2022 un mémorandum au Ministère. Celui-ci dresse un bilan des efforts entrepris et propose une série de recommandations concrètes pour inscrire durablement l’égalité dans les politiques publiques. « Il faut tirer les leçons du passé et mettre en place une vision globale, intégrée et réfléchie basée sur les résultats en termes d’effectivité de l’égalité des sexes ».
L’ambition est aussi de toucher les plus jeunes. « Notre objectif est de disposer de l’information requise pour produire des outils de sensibilisation adaptés à tous les cycles, du primaire au secondaire » explique la militante. Car selon elle, l’égalité ne doit pas être une matière de plus, mais une culture à part entière. En complément de ces actions, un recueil documentant les stéréotypes sexistes présents dans les lycées sera publié en juillet. Il servira de base à un plaidoyer plus large, afin que l’école cesse d’être le lieu où s’enracinent les inégalités, pour devenir celui où elles s’effacent.
