À travers un hommage inspiré par la pensée de Fatima Mernissi, la Fédération de la Gauche Démocratique a honoré trois pointures du féminisme marocain : Latifa Jbabdi, Najat Ikhich et Nouzha Skalli. Une distinction qui met en lumière les avancées obtenues, mais aussi les combats en cours.
Si la reconnaissance des militantes féministes est essentielle, elle soulève aussi une interrogation : où en est réellement la lutte pour l’égalité au Maroc ? Lors de son évènement, la FGD a salué les progrès réalisés, mais a aussi pointé du doigt les défis persistants, notamment en matière législative. La refonte du Code de la famille, perçue comme inaboutie par de nombreuses militantes, illustre les résistances auxquelles se heurte encore la cause des femmes dans le pays.
Lors de cette rencontre organisée à Casablanca, les intervenantes ont exprimé une préoccupation commune : la réforme de la Moudawana, qui, vingt ans après son adoption, peine à répondre aux aspirations. Latifa Jbabdi, militante de longue date, a souligné « la contradiction entre les résultats du débat et les engagements internationaux du Maroc », insistant sur la nécessité de traduire ces principes en réformes concrètes.
De son côté, Najat Ikhich a évoqué l’urgence de réviser les textes pour mieux protéger les femmes, notamment en zone rurale. Ses actions contre les mariages précoces et pour l’accès des jeunes filles à l’éducation n’ont eu de cesse de démontrer des inégalités persistantes. « Inégalités ne pouvant être résolues sans une volonté politique affirmée ».
Nouzha Skalli a, quant à elle, rappelé que « la présence des femmes dans les sphères politiques et institutionnelles reste largement insuffisante ». L’ancienne ministre continue ainsi de batailler pour une meilleure représentation féminine dans les instances décisionnelles.
La rencontre a été l’occasion de rappeler que la pensée de Fatima Mernissi, grande théoricienne du féminisme marocain, résonne encore aujourd’hui comme un appel à poursuivre le combat. Et ce, afin que les réformes passent de l’état de promesses à celui de réalités pour les générations futures.