Manager J’ai 31 ans, je travaille dans le secteur des assurances et, malgré des diplômes et compétences équivalents à ceux de mes collègues masculins, je me heurte quotidiennement à une espèce de sexisme pernicieux. Comme par hasard ce n’est jamais moi qui ai les gros clients, j’hérite plutôt des dossiers standards. Mon temps est souvent envahi par des tâches secondaires et on attend de moi d’être « douce » et « compréhensive » avec mes co-équipiers en période de stress. Quand je reçois des compliments, c’est rarement par rapport à mes aptitudes professionnelles. Parfois, lors de réunions, mes idées sont à peine écoutées, puis, 20 minutes plus tard, un collègue les répète et elles deviennent soudainement brillantes. Vu de l’extérieur ma team a l’air sympa, mais j’ai l’impression que c’est au dépend de ma self-estime et de mes ambitions. Je ne sais plus sur quel pied danser.
Hind B.
Chère Hind
Vous êtes compétente. Vous êtes capable. Vous êtes légitime. Ce que vous vivez aujourd’hui ne remet aucunement en question votre valeur, mais révèle les limites d’un système encore imprégné d’idées reçues sur la place des femmes dans le monde professionnel. Votre ressenti n’est pas une faiblesse, ni une exagération. Il est le reflet d’un déséquilibre réel : des attentes différenciées, des comportements minimisants, une reconnaissance différée — souvent jusqu’à ce que votre voix soit reprise par un autre. Et pourtant, vous êtes là. Vous tenez. Vous contribuez. Vous avancez. Cela démontre une force remarquable.
Seulement voilà, aujourd’hui vous aspirez à autre chose qu’à tenir bon. Vous souhaitez être écoutée, reconnue et considérée à votre juste valeur. Vous voulez reprendre le fil de votre carrière et lui rendre la dynamique qu’elle mérite. Vous avez raison ! Alors posons un cadre. Non pas pour vous demander d’être autre chose que ce que vous êtes, mais pour vous aider à déployer pleinement ce que vous portez déjà.
La première étape consiste à affirmer votre posture. Il ne s’agit pas d’élever le ton, mais de renforcer votre présence. En réunion, veillez à formuler vos idées avec clarté, à les rappeler si elles sont reprises sans mention, et à les inscrire dans des supports écrits : comptes rendus, mails de suivi, notes partagées. Une parole ancrée dans une trace écrite gagne en légitimité et en visibilité.
Ensuite, identifiez vos alliés. Existe-t-il, dans votre environnement, une personne capable de reconnaître vos apports et de les soutenir ? Parfois, une simple voix bien placée suffit à faire évoluer une dynamique. Le changement ne se fait pas toujours frontalement. Il peut naître de connexions intelligemment activées. Il est également essentiel de poser vos limites. Si l’on vous confie des tâches sans lien avec vos compétences ou vos responsabilités, n’hésitez pas à interroger poliment mais fermement : « À quel objectif cela répond-il ? Était-ce prévu dans mon périmètre ? Qui d’autre pourrait y répondre ? » Ces questions, simples en apparence, obligent à réévaluer les automatismes sexistes du quotidien.
Parallèlement, vous avez besoin de vous reconnecter à votre ambition. Sans peur ni culpabilité. Qu’attendez-vous réellement de votre avenir professionnel? Une promotion ? Plus de responsabilités ? Une réorientation ? Clarifiez votre cap, puis établissez les premières étapes pour vous en rapprocher : formation, demande de bilan, appui extérieur, mentorat. Ce n’est pas vous qui êtes en retrait. C’est le système qui n’a pas su vous donner la place que vous méritez. Et il est temps d’inverser le mouvement.
Vous n’avez pas à vous sur adapter, ni à vous effacer pour entrer dans des codes préétablis. Votre parole est fondée. Votre approche est valable. Vos idées, votre rythme méritent d’exister sans se plier aux clichés. L’authenticité n’est pas un frein : c’est une force durable. Gardez à l’esprit que vous n’êtes pas seule et êtes parfaitement en mesure de reprendre la main.
