Libre oui, facile non !

Par Tina Zschiegner, stratégiste comportementale

« Je m’appelle Hind, j’ai 30 ans. J’ai quitté Meknès pour m’installer à Casablanca depuis mes 18 ans. J’y ai étudié et j’y suis restée pour le travail ; ce qui m’a donné une certaine indépendance. Je me prends en charge, j’ai des rêves et des ambitions, mais très souvent, on ne pense pas que je doive prétendre à de meilleurs standards de vie, sous prétexte que je suis célibataire et sans enfant. Sur le plan personnel, je rencontre des hommes qui s’imaginent que vivant seule, c’est la clé sur la porte sans aucune forme de protocole. Ma liberté et mon indépendance, au lieu de me permettre d’aller de l’avant, se sont muées en handicap. Résultat des courses, ce sont les gens qui veulent en profiter à mes dépens. J’ai cru qu’être libre, c’était pouvoir choisir, mais on dirait que c’est un test permanent.  J’en ai assez d’être prise pour une proie ».

 

Chère Hind, vos mots témoignent d’un double standard encore trop présent dans nos sociétés : celui qui valorise l’indépendance chez les hommes, mais la soupçonne ou la pénalise chez les femmes. Voici quelques pistes concrètes pour vous aider à reprendre pleinement possession de votre liberté, sans culpabilité ni compromis sur vos valeurs.

Vous avez bâti votre quotidien sur des bases solides (indépendance, ambition, capacité à prendre soin de vous-même) et pourtant, vous êtes confrontée à un regard social qui tente de vous freiner. Ce n’est pas votre liberté qui est un handicap, ce sont les interprétations qu’on en fait. Et ce n’est pas vous qui devez changer, mais le regard que vous portez sur votre propre pouvoir ainsi que les outils que vous utilisez pour le protéger.

 

1/ Reprendre la maitrise de vos limites

Être une femme libre dans notre société reste un acte politique. Vous incarnez un modèle qui dérange certains repères traditionnels et cela vous expose à des comportements intrusifs, voire prédateurs. Mais vous avez le droit et le devoir envers vous-même de ne pas vous laisser redéfinir par ces dynamiques. Vous n’êtes pas une proie : vous êtes un être pensant, entier, digne de respect et de considération.

Il est essentiel de poser des limites. Dire non, refuser certains types de relations, filtrer plus sévèrement les comportements irrespectueux, c’est être juste envers vous-même. Cela commence souvent par un travail intérieur : identifier les situations où vous avez laissé passer des choses qui ne vous convenaient pas, non par faiblesse mais par habitude, par peur de paraître « trop exigeante » ou de blesser. Une fois ces moments repérés, réécrivez-les dans votre esprit avec des réponses qui vous auraient respectée. C’est un entraînement mental qui, petit à petit, change votre posture réelle.

2/ Cultivez des relations qui vous élèvent

Dans vos interactions, travaillez à renforcer la cohérence entre ce que vous êtes et ce que vous exprimez. Votre ton, votre regard, vos silences parfois, peuvent être vos meilleurs alliés. Vous n’avez pas à prouver que vous êtes respectable : vous l’êtes par votre seule présence. Et chaque fois que quelqu’un tente de contourner vos standards, souvenez-vous que ce n’est pas un affront personnel, mais une limite qu’il vous revient d’affirmer. Ne perdez pas votre énergie à expliquer à ceux qui ne veulent pas comprendre. Orientez-la plutôt vers ce qui vous construit.

C’est aussi le moment de veiller à la qualité de votre entourage. Même les femmes les plus fortes ont besoin d’alliés. Recherchez la compagnie de personnes qui vous voient réellement. Des gens qui ne vous réduisent pas à un statut civil, mais vous accompagnent dans votre cheminement. Parfois, un cercle restreint de quelques personnes bienveillantes vaut plus que toute une foule de relations sociales creuses. Et si ce réseau n’existe pas encore, vous pouvez commencer à le construire : dans des espaces associatifs, créatifs, professionnels où votre énergie sera perçue comme une richesse et non une menace.

3/Redéfinissez votre liberté selon vos propres termes

Redonnez du sens à votre liberté. Elle n’est pas un passeport pour l’isolement, ni une invitation au jugement. Elle est un espace sacré que vous avez conquis, et que vous pouvez choisir d’habiter à votre manière. Vous n’avez pas à baisser vos standards parce que vous êtes seule. Vous pouvez vouloir plus : plus de respect, plus de tendresse, plus de beauté, plus d’intelligence dans vos échanges.

Ne laissez jamais personne vous convaincre que vous devriez vous contenter de peu parce que vous ne correspondez pas à une case sociale. La « sous-estimation » peut être sournoise et pernicieuse. Ne baissez pas votre garde et restez concentrée sur votre but. Demandez-vous toujours si telle fréquentation ou telle action contribue à la vie que vous voulez vous construire. Enfin, cessez de vous justifier et existez selon vos termes !

Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir un condensé d’inspirations et d’informations autour de l’égalité
Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir un condensé d’inspirations
et d’informations autour de l’égalité

Direction artistique : Domizia Trenta
Direction artistique Domizia Trenta

Directrice de la publication : Aïcha Zaïmi Sakhri

Directrice de la publication

Aïcha Zaïmi Sakhri

Dossier de presse numero 26/2023

Newsletter
Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir un condensé d'inspirations et d'informations autour de l'égalité

Newsletter
Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir un condensé d'inspirations et d'informations autour de l'égalité

PHP Code Snippets Powered By : XYZScripts.com