J’ai deux points en commun avec Brigitte Bardot. Mon amour inconditionnel des animaux et une chevelure toujours en pétard depuis quelques années. Mais ça s’arrête là et tant mieux ! Il y a des avis qu’elle seule peut se permettre d’exprimer, sans cligner des yeux ou avoir les aisselles qui piquent de malaisance. Sa dernière sortie, juste après le procès Depardieu, en est d’ailleurs un très beau spécimen. « Le féminisme c’est pas mon truc, moi j’aime bien les mecs ». Ah tiens, peut-être bien une 3ème similitude entre nous deux finalement. J’aime bien les mecs, moi aussi (bruns et joliment dorés par le soleil), pourtant ça ne m’empêche pas de crier au scandale quand leurs comportements sont en dessous de tout.
Revenons à la star du jour ! Celle que Wikipédia décrit comme l’emblème de l’émancipation féminine. Une abonnée aux rôles libérés et anticonformistes, dont l’un d’eux lui a même valu une excommunication par le pape. Ce sur quoi on s’attarde un peu moins en revanche, ce sont les exactions dont cette femme issue d’une éducation bourgeoise et très conservatrice a fait l’objet durant sa jeunesse.
Détournement par un adulte alors qu’elle était encore mineure, réalisateurs misogynes, menaces de mort et de défiguration au vitriol, tentatives d’extorsion par un groupe d’activistes politiques, insultes obscènes, dénigrement de son physique (…). J’ai appris dans la foulée que pour rendre une scène de suicide plus réaliste, un cinéaste n’avait pas hésité à substituer (à son insu) des barbituriques à ses cachets d’aspirine, provoquant chez la pauvre fille une perte de conscience de 48h. Plus convaincant, tu meurs !
Qu’est-ce que cela me rappelle au juste ? Ces horribles faits divers pakistanais où des jeunes filles se font brûler à l’acide dans le cadre de règlements de comptes inter familiaux, les drogues du violeur glissées incognito dans les verres en boites de nuit, le bashing des femmes à succès, le harcèlement moral et sexuel sur les lieux de travail, ces filles en couple trop tôt et j’en passe. Le corps et la psyché de celle que l’on considérait libre et émancipée ont été profanés à maintes reprises par des hommes. Des hommes à qui elle a pardonné, trouvé des excuses et « absous » de leurs péchés. Je pensais naïvement que Brigitte Bardot appartenait à la race des chouchoutes. Une de ces pin-ups qui obtenaient tout d’un simple claquement de doigts. Eh ben non ! Faut croire que je me suis fourvoyée !
La p’tite dame aime bien les mecs cela dit et pense que l’on devrait être plus sympa avec eux. Après un quart d’heure de réflexion, j’en suis arrivée à la conclusion que BB avait dû souffrir du syndrome de Stockholm tout au long de ces années. Encore un truc qui arrive aux femmes ayant un peu trop frayé avec leurs bourreaux. A mesure que sa biographie défilait devant moi, je découvrais les horreurs qu’elle leur devait.
Comme toutes ces nanas qui se lient d’amitié avec des bad boys dans le but de se rassurer sur une position privilégiée (dont elle ne dispose même pas), Brigitte Bardot a souvent été conciliante. Conformisme ? Docilité ? Elle a dansé quand on le lui a demandé, s’est dévêtue quand on le lui a imposé, a bu ses barbituriques, souri et minaudé, puis a recommencé.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’analyser la chose. Si nous sommes toutes BB par nos mésaventures et qu’elle est Nous par la force des drames survenus, d’où lui vient ce raisonnement aussi simpliste ? Probablement de la peur viscérale qu’ont certaines de ne pas être des cool girls « appréciées » de leurs tortionnaires. Aimer les mecs n’a jamais été incompatible avec le féminisme. C’est justement parce qu’on les aime « nos mecs » qu’on souhaite des interactions plus saines avec eux…