« J’ai 42 ans, deux enfants, et je me sens piégée. J’aimerais évoluer dans mon travail, aller de l’avant, mais je culpabilise. L’entreprise a été très flexible avec moi pendant mes congés maternité, et me permet des horaires aménagés. Alors comment demander plus ? Je voudrais avancer, mais mes responsabilités de mère m’empêchent d’être aussi présente que d’autres. Je ne sais pas comment poser les choses sans avoir l’impression d’abuser. Est-ce qu’on a encore le droit d’aspirer à mieux quand on est déjà “accommodée » ? Selma B.
Chère Selma,
Votre situation est loin d’être un cas isolé. Ce dilemme est partagé par de nombreuses femmes. La maternité devient parfois une dette silencieuse. Le sentiment de gratitude se transforme en blocage, empêchant toute revendication légitime. Pourtant, demander une évolution professionnelle n’est pas une trahison, c’est un droit.
1/Repositionnez les choses
La première étape, c’est de redéfinir ce que vous devez à votre entreprise. La flexibilité qu’elle vous a accordée n’était pas un cadeau, mais une adaptation nécessaire dans un cadre légal et humain. Cela ne remet pas en cause vos compétences, votre engagement ni vos ambitions. Votre parcours, vos résultats, votre professionnalisme ne sont pas effacés par votre parentalité. Vous ne devez pas “rembourser” une maternité. Vous construisez une carrière et avez le droit de vouloir en écrire les prochains chapitres.
2/Préparez votre demande avec clarté et confiance
La négociation ne doit pas être perçue comme une confrontation, mais comme une conversation stratégique. Vous ne venez pas réclamer une faveur, vous proposez une évolution bénéfique pour vous et pour l’entreprise.
Avant de prendre rendez-vous avec votre hiérarchie :
-Listez vos réalisations, vos compétences clés et l’impact que vous avez eu sur votre équipe ou vos projets.
-Identifiez clairement ce que vous souhaitez obtenir : Une revalorisation salariale ? Une montée en compétences ?
-Anticipez les objections potentielles et préparez des réponses rassurantes. Par exemple : “Je sais que mes horaires sont spécifiques, mais voici comment j’ai su optimiser mon temps et atteindre mes objectifs.”
3/Changez d’attitude
La culpabilité vous empêche d’incarner pleinement votre rôle de professionnelle. Sortez de la posture de “personne à remercier” pour entrer dans celle de “personne qui contribue et mérite”. Vous n’avez pas à vous excuser d’avoir une vie de famille. Vous avez le droit de vouloir plus, même en étant “accommodée”. Ce n’est pas l’un ou l’autre. C’est votre capacité à jongler entre sphères professionnelle et personnelle qui est justement votre force.
4/Affirmez-vous et ne vous excusez surtout pas
Lors de votre échange avec la hiérarchie, évitez les phrases qui minimisent (“je sais que ce n’est peut-être pas le moment…”, “je ne veux pas déranger…”) et privilégiez des formulations affirmées :
“Je suis aujourd’hui à un moment de mon parcours où j’ai envie d’évoluer.”
“J’ai des pistes concrètes d’amélioration pour contribuer encore plus à nos objectifs.”
“Je suis prête à m’investir dans une nouvelle étape.”
5/Négocier c’est se respecter
Négocier, ce n’est pas être ingrat(e). C’est affirmer votre valeur. Une entreprise saine ne punit pas l’ambition, elle la reconnaît. Vous n’êtes pas un fardeau à gérer, vous êtes une richesse à faire grandir. Et cela, vous devez le comprendre, ce n’est pas une faveur : c’est une évidence. Agissez en ayant pleinement conscience de la chose.